C’est surtout à un bibliographe dauphinois, le chanoine Ulysse CHEVALIER, et aux travaux de J Chevalier et de Jules OLLIVIER que l’on doit d’avoir réuni des indications relatives au Judaïsme Valentinois. Valence dépendait du Dauphiné, mais sa proximité du Comtat Venaissin devait avoir des conséquences sur le statut des Juifs qui y habitaient. Le premier témoignage qu’on possède remonte à 1 237 Richard, roi d’Angleterre, pour apaiser le mécontentement des Grands contre Guilhaume de Savoie, son favori, élu de Valence, lui conseille de s’éloigner. Guilhaume engage ses domaines au Juif Aaron. En 1248, le Concile de Valence décide que, dans le cas où les juges séculiers ne contraindraient pas les Juifs à porter un signe distinctif, les prélats les y obligeraient en leur interdisant tout commerce avec les chrétiens ou en leur infligeant des peines sévères (canon 5).
Les Juifs payaient à l’évêque de Valence un tribut ou capitation, qui leur conférait le droit d’avoir leurs comptoirs. Un acte de 1 323 nous apprend que Guilhaume de Roussillon accorde sa protection à cinq Juifs et leur permet de vendre dans toute l’étendue de son diocèse de Valence, sous la redevance d’un florin d’or et de quelques livres de bougie. Les archives de la mairie de Valence (charte cotée d’armoire 69003 LYON , n°1, lettre G G G) contiennent un document attestant que, plus d’un siècle plus tard, en 1441, Jean de Poitiers fit paraître une ordonnance sur les Juifs, où il réglait leur statut politique 1348, c’est l’année de la peste noire Dans toute l’Europe, les Juifs sont accusés d’avoir empoisonné les puits. Ceux de Valence, ne furent pas exempts de cette accusation « Le peuple… fit de ces malheureux un épouvantable massacre… notamment à Valence » (M. Delacroix, essai sur la statistique, l’histoire… du département de la Drôme). Cinquante ans après, c’est le nom d’Héliot d’Arles (ou Hélias) qui montre l’activité du Judaïsme de Valence. Louis II de Poitiers, comte de Valentinois, était tombé entre les mains d’une compagnie d’armes revenant d’Italie. Une rançon de 3 000 écus est exigée. En attendant de pouvoir obtenir cette somme de ses vassaux, le comte l’emprunte à Héliot en février 1 396. Héliot ne sera remboursé qu’en 1 400.
En 1407, le même Héliot a permis la réouverture de l’école juive d’Arles, sa ville natale, en créant une fondation dotée de 1 000 florins pour l’entretien d’un maître de Talmud et d’un maître de Bible. Une ordonnance de Jean de Poitiers, évêque de Valence, enjoint, en date du 25 octobre 1441, aux Juifs de porter sur leurs habits une marque distinctive, comme ceux d’Avignon. Le 22 juillet 1463, les Juifs de Valence, poursuivis en justice par Louis XI, transigent avec son fondé de pouvoirs par le paiement d’une somme de 1 500 écus d’or (archives départementales de la Drôme, E 2544, F0230). Il existe à Valence une rue Juiverie et une place Juiverie. Ce sont les vestiges de l’habitat communautaire, dont on perd la trace à la fin du XVe siècle.?En 1939, il n’existait pas de communauté organisée à Valence. Quelques familles israélites y vivaient sans qu’il ait été créé d’institutions religieuses ou autres. L’exode de mai juin 1940 amena à Valence de nombreux réfugiés juifs d’Alsace et de Lorraine, puis de Paris. C’est à la fin de l’été 1943 que le Rabbin Henri Schilli (Zal) qui exerçait ses fonctions à Montpellier, dut quitter cette ville, à la suite d’une décision interdisant aux Juifs d’habiter la zone littorale de la Méditerranée. Le futur directeur du Séminaire Israélite de France fut nommé par le Grand Rabbin de France à Valence. A Kippour 1943, il loua une salle pour y organiser des offices publics : c’était dans un foyer protestant.
C’est à ce moment que commencèrent les rafles. Les offices ne furent pas interrompus pour autant. En décembre 1943, le Grand Rabbin René Hirschler, aumônier général des camps d’internement en France, fut arrêté et déporté avec son épouse. Le Consistoire Central chargera de cette tâche le Rabbin Henri Schilli. Ce qui l’amena à voyager, à visiter les camps, à se rendre à Vichy Les offices quotidiens étaient célébrés dans son appartement. A Pessah 1944, le Rabbin Schilli fit venir des Etablissements Blum de Grenoble des matsoth qu’il distribua à ses fidèles. Les rafles reprirent de plus belle. La Gestapo arrêta les Juifs dans l’ordre alphabétique de leurs noms. Mme Alexandre, Présidente du Comité de la Croix Rouge de Metz, réfugiée à Valence, fut arrêtée avec sa soeur, comme nombre de Juifs français de vieille souche, et parmi les premiers. Le Pasteur Gastambide apporta son aide pendant ces années noires. C’est à Valence que Marc Haguenau, assassiné à Grenoble par la Gestapo, se maria en 1943 dans l’appartement du Rabbin Schilli.
La Sixième (sixième section de l’Union Générale des Israélites de France), passée à la clandestinité, avait une grande activité à Valence, où vivaient cachées Mme Alfred Dreyfus, veuve du Capitaine, et Mlle Laure Weil, Directrice du Home de Strasbourg. La Libération ramena à leurs domiciles de mai 1940 de nombreuses familles réfugiées à Valence. A Pessah 1945, un Seder réunit cinquante jeunes, en présence de Chameau (Rolph Hammel Z’l), Commissaire National des Eclaireurs Israélites, venu de Granges lès Valence. En 1962, la ville ne comptait que 30 familles juives. Il y en aura 230 en 1963, après le rapatriement des Juifs d’Algérie. On estime à un millier la population actuelle de la Communauté de la Drôme et de l’Ardèche.
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