Paris

La Victoire, siège statutaire des Grands Rabbins de France et de Paris. Pendant tout le Second Empire, la communauté juive parisienne a connu un essor démographique important et elle a participé très activement au rayonnement économique, culturel et artistique de Paris et de la France. Aussi, Napoléon III lui en fut-il reconnaissant et exigea, dès 1864, la construction d’une synagogue prestigieuse dans ce quartier emblématique du futur Opéra, où étaient concentrés les banques, les sièges des chemins de fer, mais aussi les théâtres et les nouveaux grands magasins.
Dès 1868, les travaux débutent sur ce terrain ayant appartenu à la famille impériale et cédé à la Ville de Paris, sur les plans de l’architecte Alfred Aldrophe. Mais, ils sont interrompus par la guerre franco-prussienne et la chute du régime impérial. En septembre 1874, la synagogue est inaugurée officiellement, même si les finitions durent jusqu’en 1876.
Surnommée la « Rothschild Schule », famille à laquelle la Victoire doit tant, la synagogue est la plus grande de France et la deuxième d’Europe, après celle de Budapest. Pendant les fêtes, elle accueille plus de 2.000 fidèles et même 3.500 si on compte tous les oratoires et ses dépendances.
Elle est l’expression du style « romano-byzantin », caractéristique des grandes synagogues françaises et européennes de l’époque, avec un plan basilical, la nef étant réservée aux messieurs et les parties latérales aux dames. Richement décorée avec des vitraux qui représentent les emblèmes et les bannières des tribus d’Israël, elle abrite une magnifique menorah en argent offerte par Alphonse de Rothschild en 1874, ainsi que des orgues monumentales réalisées en 1875, classées au Patrimoine, comme toute la synagogue elle-même. L’Arche Sainte, qui renferme une cinquantaine de rouleaux de Torah, est unique au monde par ses dimensions et par sa riche décoration.
Durant la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation de Paris, et malgré les attentats de 1941 et 1942 qui l’endommagèrent et les nombreuses intimidations, tous les offices religieux quotidiens et des fêtes furent assurés sans interruption de septembre 1940 à la Libération de Paris en août 1944. Depuis 1906, la Ville de Paris est propriétaire de l’édifice et des locaux attenants du Consistoire sous la direction du service des Beaux-Arts et des Bâtiments cultuels.
Synagogue emblématique du judaïsme français, elle accueille régulièrement les manifestations officielles nationales, dont la cérémonie annuelle en mémoire des Martyrs de la Déportation. En outre, elle assure les offices de chabbat et des fêtes, et y sont dispensés des cours de Talmud Torah pour les enfants, ainsi que des cours de Talmud et d’hébreu moderne pour les adultes. Elle accueille également tout au long de la semaine des activités pour les séniors, la Maison d’Etudes juives au Féminin, et une section des Eclaireurs Israélites de France. Y sont régulièrement organisés conférences et concerts.
La synagogue de la Victoire est jumelée avec la Grande synagogue de Jérusalem, Heykhal Schlomo.