On signale dès 350 à Metz, l’existence d’un évêque, Siméon, qui serait un juif converti, mais ce n’est qu’à compter du IXème siècle que l’on peut parler de l’existence d’une véritable communauté juive dans cette ville. C’est à Metz que naquit, en 960, Rabbenou Gerschom, l’illustre talmudiste et décisionnaire. En 1096, lors de la première Croisade, la communauté fut décimée, et on ne retrouva des Juifs à Metz qu’un siècle plus tard. Ils étaient peu nombreux, et on les bannit en 1365, mais petit à petit, ils revinrent s’installer. L’un d’eux fut brûlé vif en 1385 sur l’accusation de « profanation d’hostie ».
Lorsque Metz devint Française en 1522, on ne comptait que 3 familles juives dans la ville. En 1567, quelques Juifs reçurent l’autorisation de s’installer. En 1574, le Roi Henri III leur accorda des privilèges, ils vinrent plus nombreux et , au début du XVIIème siècle, ils étaient 58 familles. Le Clergé et les commerçants leur reprochèrent sans arrêt leur rapide accroissement, et, sur leur insistance, le séjour dans la ville fut interdit aux Juifs étrangers, et ceux qui étaient là durent résider dans un quartier spécial. Louis XIII confirma, en 1632, leurs privilèges et lorsque Louis XIV, accompagné de son frère, visita Metz, il confirma par lettres apparentes les privilèges accordés aux Juifs messins et visita la synagogue « avec pompe et éclat ». Il accorda aussi le droit de résidence à 96 familles juives.
C’est à Metz qu’éclata en 1669 l’affaire Raphaël Lévy. Celui-ci fut accusé de meurtre rituel et brûlé vif, ce qui donna lieu à de nombreuses persécutions et accusations. Mais le Roi, et Louvois, son Ministre, ne modifièrent pas leurs bons sentiments envers la communauté juive messine. Louis XV renouvela leurs privilèges en 1716. Louis XVI en fera de même en 1777. Mais il leur fut appliqué de nombreuses restrictions : ils n’avaient pas le droit de devenir propriétaires d’immeubles ou de magasins en dehors du ghetto, devaient porter un chapeau jaune et il leur était interdit de quitter leur quartier le dimanche et les jours de fêtes chrétiennes. Les professions libérales leur étaient également interdites, ce n’est qu’en 1746 qu’il leur fut conféré le droit d’étudier la médecine. La communauté messine était organisée et administrée d’une manière tout à fait particulière. Pour être certain qu’elle serait dirigée avec impartialité, on choisissait ses Rabbins en Allemagne ou en Pologne. En 1759, on ôta aux Rabbins le droit de s’occuper des affaires civiles et celui de prononcer des excommunications. En 1743, la communauté fut obligée de remettre au Parlement une traduction du Code religieux appliqué par elle, mais en 1782 ces tracasseries furent supprimées.
Dans la vie communautaire, la place la plus importante était accordée à l’enseignement religieux. Un grand nombre de Rabbins savants se succédèrent à sa tête. Leur autorité s’étendait à l’Allemagne, et même à la Pologne. On peut citer les Rabbins Moïse Cohen Narol (1649 1659), Jona Théomin Frankel (1660 1669), venus de Prague, Gerson Oulif (1670 1693), Gabriel Eskelis (1694 1703) qui venait de Cracovie, ainsi que Moïse May, qui fut le premier imprimeur juif de Metz. Le comte de Provence, futur Louis XVIII, qui se rendit comme l’avait fait Louis XIV à la SYNAGOGUE de Metz, fut accueilli par le vénérable Arié Loew (ou Lion Asser), lequel l’éblouit par l’entendue de ses connaissances. A ceux qui s’étonnaient de l’éloge qu’il en faisait, le futur Louis XVIII répondait : « juif ou chrétien, que m’importe, j’honore la vertu partout où elle s’offre à moi ». Le premier Rabbin d’Alsace reconnu par les autorités, Aaron Worms, était originaire de Metz. En 1785, c’est l’Académie des Arts et Sciences de Metz qui mit au concours « Est-il un moyen de rendre les Juifs plus utiles et plus heureux en France ? ».
On sait que les thèses de l’Abbé Grégoire, Curé d’Emberménil, qui fut l’un des lauréats, et qui défendit le Judaïsme, jouèrent un rôle capital dans l’émancipation des Juifs en France. En 1789, les Juifs messins, comme ceux d’Alsace et de Lorraine, reçurent l’autorisation de présenter un Mémoire aux Etats Généraux. L’École Rabbinique qui formait des Rabbins pour toutes les communautés, était établie à Metz depuis 1829 par décret du Ministère de l’Intérieur. Elle ne fut transférée à Paris qu’en 1859. En « Jurue », la rue des Juifs, au centre de la Ville, rappelle l’emplacement de la première communauté. La rue du Rabbin Elie Bloch est nommée ainsi en souvenir du jeune Rabbin, aumônier de la jeunesse juive de Metz, mort en déportation. La place devant la synagogue porte le nom du poète Gustave Kahn, né à Metz.
Les archives et la bibliothèque municipale conservent des documents importants ayant trait à l’histoire des Juifs de Metz et de la région, notamment le Mémorial (Memorbuch) où sont consignés les mérites des personnalités juives des XVII et XVIIIème siècles, le dossier du procès de Raphaël Lévy, brûlé vif, des documents relatifs au Grand Sanhédrin de 1807, une lettre de 1792 de Lafayette en faveur des Juifs et de nombreux documents.
Télécharger la liste mohalims faisant partie de l’AMF (Association des Mohalims français).
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