Angouleme

La présence juive en Charente est attestée depuis des temps très reculés. En effet, selon la revue Histoire magazine (N° 18, juillet 1981) on a découvert à Salignac près de Cognac une lampe à huile en terre cuite ornée d’une menorah datant du 3ème siècle après J.C. Au 12ème siècle, (siècle des croisades), il existait plusieurs communautés juives dans la région, notamment à Pons, Saintes, villes aujourd’hui situées en Charente Maritime. Ces communautés furent victimes de cruelles exactions (meurtres, spoliations, etc…) même si elles bénéficièrent un temps de la protection du pape Grégoire IX. (Bulle du 09 septembre 1236 adressée aux évêques de Bordeaux, Saintes, Angoulême et Poitiers). Dans le village de La Faye, le lieu-dit « La Tâchonnerie » tire vraisemblablement son nom de ses ouvriers juifs qui travaillaient à la tâche.
Un événement dramatique a été récemment porté à notre connaissance: En 1320, sous le règne du roi Philippe V, fils de Philippe le Bel eut lieu la révolte dite des Pastoureaux. Réduits à une pauvreté extrême, ils écumaient le royaume et les juifs étaient la cible prioritaire de leur violence.

Lorsqu’ils approchèrent d’Angoulême, sous prétexte de les mettre à l’abri, les bourgeois de la ville enfermèrent tous les juifs dans le Châtelet, place forte censée résister aux envahisseurs. En fait, après un odieux marchandage, ils les livrèrent aux Pastoureaux qui les massacrèrent. Cette tactique permit en outre aux bourgeois d’échapper au remboursement de dettes contractées auprès de leurs créanciers juifs.
Ému par cette violence, le roi diligenta une enquête qui se termina par un imbroglio judiciaire.

On trouve en Charente des preuves de l’existence de communautés juives depuis le XVIIème siècle. Un plan datant de 1650 permet de localiser deux synagogues et un cimetière juif à Angoulême. Plus tard, une rue du centre ville ancien qui s’appelait « rue des juifs » depuis 1759 a été rebaptisée « rue Raymond Audour» en 1945 du nom d’un résistant mort en déportation en 1944 à Dachau le 12 novembre 1944. C’est dans une impasse de cette rue que se trouvait la dernière synagogue aujourd’hui disparue.

L’exode de 1940 avait contribué à grossir provisoirement la communauté juive de Charente ; en effet, de nombreux lorrains (juifs et non juifs) avaient trouvé refuge dans notre département ; c’est ce qui explique le nombre important de juifs déportés à partir du territoire charentais, soit 660 sur les 1882 recensés par les autorités de l’époque. Aujourd’hui, la communauté ne compte que quelques dizaines de membres, mais affirme sa présence, notamment par une représentation auprès des instances officielles et une bonne visibilité lors des cérémonies républicaines.

Elle est active dans le domaine de la mémoire: création de monuments, pose de plaques ou réhabilitation d’un « carré juif » dans le cimetière historique de la ville dit « de Bardines ».
En ce qui concerne la pratique religieuse, l’absence de lieu de culte oblige les membres à se tourner vers les communautés voisines plus structurées de leur choix (Bordeaux, Limoges, Périgueux, Libourne, La Rochelle) ».