Le Président du Consistoire central de France Élie Korchia a convié ce mardi 23 janvier le comédien et acteur Philippe Torreton à être l’invité du Conseil d’administration.
En introduction, le Grand Rabbin de France Haïm Korsia a fait part de son estime et de son amitié pour Philippe Torreton, qui l’avait accompagné il y a quelques années pour un voyage mémoriel à Auschwitz.
Le Président Elie Korchia a souligné quant à lui que Philippe Torreton a été l’un des très rares artistes à prendre clairement position contre la haine antisémite qui a sévi dans notre pays suite aux pogroms terroristes commis par le Hamas en Israël le 7 octobre.
Et de rappeler le texte publié par Philippe Torreton sur les réseaux sociaux le 2 novembre dernier « Je suis Juif ».
Un texte d’anthologie que l’ancien sociétaire de la Comédie-française a prononcé devant le Conseil d’administration et dans lequel il a écrit : « Je vois des graffitis antisémites qui se peignent tout en lâcheté sur les murs de nos villes. Je vois des circonvolutions langagières n’arrivant pas à dénoncer l’horreur, je vois le cynisme et le clientélisme politique d’extrême-gauche bégayer, je vois la honte européenne se refaire une santé plus de 80 ans après son dernier triomphe, je vois Alzheimer déchirer les pages de nos livres d’Histoire et Parkinson nous empêcher de frapper du poing sur les pupitres bruxellois et new-yorkais » (…)
« Je vois finalement un petit pays se dresser seul contre la barbarie islamiste. Alors je le dis au nom de la France combattante et résistante qui a vu naître Zola, au nom de ces ‘vingt et cent’ au nom de ‘ces milliers’ que chantait Ferrat, qui voulait comme je le veux aujourd’hui que ses enfants sachent qui vous étiez : je suis Juif. »
A la suite de sa prise de parole Philippe Torreton a répondu aux nombreuses questions des membres du Conseil d’administration et l’acteur césarisé a notamment rappelé le rôle crucial de la culture face à l’adversité et aux idéologies mortifères, rappelant notamment ce qu’il avait écrit à ce sujet : « Quand vous lisez les récits de gens qui ont survécu aux camps de concentration, ce qui les a sauvés, par exemple dans le cas de Charlotte Delbo, c’est de continuer à inventer des poèmes, à se les remémorer, à jouer même Le malade imaginaire [la comédie de Molière] dans un bloc avec ses copines de bloc. C’est échanger Le misanthrope contre une ration de pain, comme le dit Charlotte Delbo dans une nouvelle. Quand on n’a plus rien, qu’on atteint le comble de la désespérance, qu’est-ce qui nous fait tenir ? C’est la musique, c’est ce fameux violon qu’on peut emporter partout, ce sont les mots des auteurs ».
Le Président Elie Korchia a conclu en remerciant Philippe Torreton pour ses prises de position aussi courageuses que précieuses en cette période si difficile et il a ensuite rendu hommage à Samuel Sandler, décédé le 12 janvier écoulé, dont la présence manquera fortement au sein du Conseil d’administration.